Vivre en couple représente un défi quotidien. La proximité et les habitudes figent parfois nos modes de fonctionnement et de communication.
La vidéo de Florence Zalewski présente les bases d’une communication consciente et bienveillante. Afin d’approfondir ce vaste sujet, voici quelques lignes détaillant les bases de la « Communication Non Violente », théorisée par Marshal Rosenberg, et appliquée à la vie à deux.
Nous pensons parfois que notre partenaire nous connaît parfaitement. Nous avons l’impression que notre conjoint sait toujours exactement ce que nous pensons, et ce que nous désirons.
Malheureusement cette impression est parfois fausse, et c’est là que les ennuis commencent !
Exemple : Je rentre après une journée de travail fatigante. Je souhaite profiter d’une soirée calme et tranquille, je l’ai bien méritée. Quand j’arrive à la maison, je vois de la terre sur le sol, un manteau qui est tombé au lieu d’être accroché, des chaussures qui ne sont pas rangées. Le repas semble être en cours de préparation, la table est mise mais les enfants ne sont pas en pyjama.
Je suis exaspérée, et je l’exprime à mon conjoint : « J’en ai marre, je dois tout faire dans cette maison, sinon c’est toujours le bazar ! Tu ne te rends vraiment pas compte ! »
Ce à quoi mon conjoint répond, agacé : « Tu passes ton temps à râler, c’est insupportable ! »
…Fin de communication…
Pourquoi le « tu » tue
Avez-vous remarqué à quel point il est impossible d’avoir envie de soutenir quelqu’un qui nous accuse frontalement ? Les phrases avec « tu » sont agressives. Difficile de répondre aux reproches avec bienveillance. Le réflexe est plutôt de se défendre, avec plus ou moins de bonne foi.
Exemple : « Tu passes ton temps à râler ! »
Quand l’autre commence une phrase par « tu », il nous fait porter tous les torts, il pense à notre place, il nous prête de fausses intentions. C’est insupportable, et immérité.
Lorsque nous utilisons un « tu », nous sortons de nous-mêmes : nous accusons l’autre de nos problèmes, même s’il n’a eu aucune intention de nous nuire. Voilà qui est injuste, et crée donc du conflit.
Exemple : « Tu ne te rends vraiment pas compte ! »
C’est ainsi que le « tu » tue.
Il tue la communication, il tue la bienveillance.
Comment modifier cette habitude ?
Avant tout, en utilisant des messages commençant par « je ».
Ce qui implique d’aller d’abord, très honnêtement, regarder ce qu’il se passe à l’intérieur de soi, avant de communiquer avec l’autre.
Voyons comment formuler clairement et consciemment nos ressentis.
Observation
La première étape est l’observation.
C’est une étape objective, dénuée d’interprétation, lors de laquelle nous nous plaçons en simple témoin des événements.
Notons simplement ce qui déclenche une émotion à l’intérieur de nous.
Les faits, et rien que les faits.
Exemple : Je rentre après le travail. Je suis fatiguée. Je vois de la terre sur le sol, un manteau tombé, des chaussures pas rangées, les enfants pas en pyjama.
Voilà les faits à l’origine de mon émotion.
Pour les formuler, il est possible de commencer notre phrase par « Quand je … + énoncé des faits ».
Exemple : Quand je rentre du travail fatiguée, et que je vois de la terre sur le sol, un manteau tombé, des chaussures pas rangées, les enfants pas en pyjama, …
Maintenant que nous avons fait un point juste et neutre sur la situation, sans utiliser aucun « tu », voyons comment poursuivre la communication avec notre conjoint.
Les sentiments
La deuxième étape est de prendre conscience des ressentis qui nous habitent après ces événements. Il est utile de se demander : comment est-ce que je me sens ?
Est-ce que je suis en colère ? Pourquoi ? Est-ce que je ressens de la tristesse ou de la déception ? De la frustration ? Est-ce que j’ai été blessé.e ? Est-ce de la peur, de la tension ?
Soyons honnêtes avec nous-mêmes, et tolérants aussi. Nous avons le droit de ressentir cela.
Souvent, nous pouvons commencer cette phrase par « Je me sens … + nos émotions ».
Exemple : Quand je rentre du travail fatiguée, et que je vois de la terre sur le sol, un manteau tombé, des chaussures pas rangées, les enfants pas en pyjama, …
Je me sens abattue, épuisée…
Remarquons bien que cette phrase commence par « Je ».
Nous avons vu précédemment pourquoi c’est important de parler de soi, car cela évite d’accuser l’autre. Lorsque nous parlons de nous-mêmes, notre interlocuteur ne se sent ni jugé, ni agressé. Il n’a pas de raison de se braquer ou de se fermer à la discussion. Cela lui laisse l’opportunité de nous écouter vraiment. Au lieu de lui claquer la porte au nez, nous lui ouvrons un accès vers notre intimité.
Lorsque nous parlons de nos propres ressentis, personne ne peut remettre en cause ce qu’il se passe à l’intérieur de nous !
Ensuite, maintenant que nous avons pris conscience et partagé nos sentiments, nous allons exprimer nos besoins.
Les besoins
Après avoir observé et cité les faits qui nous touchent, puis exprimé les sentiments qui en découlent, la troisième étape est de discerner nos besoins non comblés.
La notion de besoin est primordiale pour une communication consciente et bienveillante. En effet, tout humain que nous sommes, nous cherchons à assouvir nos besoins : nos besoins primaires comme manger, dormir, ou nous sentir en sécurité. Nos besoins de lien social et notre besoin de confiance en nous sont également importants, tout comme un besoin plus élevé d’accomplissement personnel.
Il existe une incroyable déclinaison de besoins humains, comme Abraham Maslow l’a formulé, et avec lesquels il est essentiel de se familiariser.
Une émotion est un mouvement qui se crée à l’intérieur de nous à la suite d’un événement extérieur à nous. Lorsqu’une émotion nous touche, elle exprime bien souvent que l’un de nos besoins n’est pas comblé. Avoir connaissance de nos besoins permet d’agir dans le sens de leur satisfaction.
Demandons-nous alors : de quoi ai-je réellement besoin ?
Est-ce un besoin de calme, de repos ? Est-ce un besoin de reconnaissance, d’écoute ? Est-ce un besoin de contact physique, de câlin, de chaleur ? Est-ce un besoin de liberté, de changement, ou au contraire d’attention, d’appartenance ?
Cette nouvelle phrase peut commencer par « J’ai besoin de … + nos besoins ».
Exemple : Quand je rentre du travail fatiguée, et que je vois de la terre sur le sol, un manteau tombé, des chaussures pas rangées, les enfants pas en pyjama, …
Je me sens abattue, épuisée…
J’ai besoin de repos et de tranquillité d’esprit, ainsi que de soutien…
Notre formulation ne contient toujours que des « je », évitant ainsi à notre interlocuteur la sensation de reproche.
Nous pouvons enfin terminer notre communication en exprimant une demande.
La demande
Pour finir, nous allons demander à notre interlocuteur s’il est d’accord pour nous aider à combler les besoins que nous avons évoqués précédemment.
Nous devons alors chercher quels sont les moyens d’y parvenir.
Peut-être avons-nous besoin d’un peu de temps pour nous isoler, nous calmer, réfléchir, nous recentrer. Ou peut-être avons-nous besoin d’une participation active de la part de notre conjoint. Il est alors indispensable de le formuler clairement.
Pour cela, nous pouvons proposer : « Serais-tu d’accord pour … + notre demande ».
Exemple : Quand je rentre du travail fatiguée, et que je vois de la terre sur le sol, un manteau tombé, des chaussures pas rangées, les enfants pas en pyjama, …
Je me sens abattue, épuisée…
J’ai besoin de repos et de tranquillité d’esprit, ainsi que de soutien…
Serais-tu d’accord pour demander aux enfants de ranger leurs affaires et de se préparer pendant que je vais me reposer quelques minutes ?
Notons bien qu’il ne s’agit pas ici d’une exigence mais bien d’une simple demande, à laquelle notre conjoint doit se sentir libre de répondre « non ». C’est important pour l’autre d’avoir le choix, et c’est important que nous puissions accueillir un refus. Dans ce cas, nous chercherons ensemble une autre solution pour que tout le monde soit apaisé.
Il est essentiel de délivrer un message clair afin d’être entendu et compris, puis soutenu. Cette longue formulation nécessite un travail important de connaissance de soi, de notre fonctionnement, de nos besoins. C’est aussi un merveilleux cadeau à offrir à notre partenaire de vie : nous lui livrons les secrets de notre intériorité, tout en lui permettant de nous aider à nous sentir mieux !
Si notre partenaire arrive à en faire de même, nos relations s’apaisent et s’améliorent infiniment !
En résumé
Dès qu’un incident survient, ou qu’une émotion nous impacte, offrons-nous un moment de réflexion et d’introspection, puis offrons à l’autre la possibilité de comprendre véritablement ce qui se passe pour nous.
Voici le résumé de la méthode « O S B D » à l’aide d’un nouvel exemple.
Observation des faits :
« Quand j’apprends en lisant ton message que tu vas rentrer tard du travail… »
Sentiments déclenchés :
« … Je me sens contrarié, impuissant et abandonné… »
Besoins non comblés :
« … J’ai besoin d’organisation, et de temps passé avec toi… »
Demande :
« … Serais-tu d’accord pour me donner un peu plus tôt ton planning, et pourrait-on se prévoir un resto tous les deux ce weekend !? »
Apprendre ensemble
Quitte à se lancer dans l’apprentissage d’une nouvelle langue, autant l’apprendre ensemble !
Pourquoi ne pas relire cet article à deux, puis se lancer !?
Par exemple, il peut être pédagogique de se souvenir d’une dispute passée (et pardonnée !), puis de la revivre à deux en faisant l’exercice décrit : se souvenir des faits qui ont déclenché des émotions, formuler ses sentiments, ses besoins, et enfin une demande.
Les deux partenaires s’amuseront sûrement de constater comme les événements sont vécus différemment de part et d’autre. Il est important d’accueillir l’autre dans ses fonctionnements, pour être accueilli soi-même.
Je vous souhaite une belle entente !
Laureline
Du blog https://profdebonheur.fr
Pour savoir utiliser la CNV en classe, le rendez-vous des enseignants est ici :
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